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Joseph Clemente

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Peinture

Sans la moindre compétence scientifique, je hasarde une hypothèse : la lumière spécifique qui baigne Bages et ses alentours est en relation directe avec l’Étang. À mon avis, cette langue d’eau large de quelques centaines de mètres entre le village et la saline de Mandirac – et peut-être un kilomètre «tout mouillé» entre le village et le port de La Nautique – agit comme un vaste miroir.

Par ciel gris (rare) et absence de vent (rare aussi), l’Étang est une dalle de ciment uni, la lumière prend des airs «boudinés»(1), elle est comme en deuil d’elle-même. Alors, on ne peint pas. Éventuellement, on écrit. Par beau temps (fréquent) et par temps de brise (fréquent aussi), la surface de l’Étang «frise». Elle se diffracte en millions d’éclats éblouissants. La lumière alors n’est pas stable, elle semble vibrer. Et pourtant, elle dessine et colorie les volumes de façon franche, presque brutale. L’inconvénient, et pour le peintre le défi, c’est son extrême variabilité. Même au cœur des longues après-midis d’été, la lumière change à toute vitesse. Et pas seulement d’angle (ce qui se produit en tout lieu) mais aussi de nature, de consistance. Au dehors, il faut travailler vite, relevés rapides et notations d’ensemble. Garder pour mémoire et pour l’atelier les détails, les nuances, les variations. Autrement dit, les inventions. Car peindre, au fond, c’est peut-être inventer ce qu’on voit.

 

(1) Eugène Boudin (1824 -1898), peintre français précurseur de l’impressionnisme.