Grégory Pebay
Huile, acrylique et pastel
J’entretiens avec le blanc un rapport philosophique, qui pose la question de ce que pourrait être un fondement sans principe et qui pourtant ne sombre pas : le blanc comme couleur d’ « un néant sans possible » pour rependre les mots de Kandinsky à propos du noir. Une problématique que je retrouve justement chez Soulages avec son outre noire, qui donne à voir la lumière à partir du noir. Pour moi, le blanc et le noir sont des couleurs, mais qui ont comme propriété première de donner à penser.
J’utilise pour le blanc du pastel à l’huile, ainsi que des peintures à l’huile ou acrylique qui viennent recouvrir une superposition de plusieurs pré-tableaux, afin d’obtenir une fixation des couleurs finales jamais uniforme et semblable.
Pour ces couleurs, j’ai choisi d’utiliser le pastel écru, afin de pouvoir faire cohabiter l’intensité de chaque couleur prise indépendamment et une impression de douceur née de leur mise en relation. Cet usage du pastel parle de mon rapport à l’enfance et de mon lien à Kandinsky : des couleurs comme mode d’expression affectif de nos états de plénitude, de notre rapport immanent au monde.
J’aime aussi le pastel sec pour son inclinaison envers une fixation partielle. Il participe en cela, au même titre que mon usage d’un blanc philosophique et une absence volontaire de sens prédéfini pour l’affichage de mes toiles, à ce que même une fois terminées, celles-ci ne se soustraient pas au cours du devenir : elles sont des toiles vivantes, qui pourront évoluer dans le temps, de manière imperceptible dans leur rendu global, visible seulement pour qui entretiendra avec elles un rapport patient.